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Lettre d’infos de la Mission Rurale
Littérature et poésie
Avez-vous lu la magnifique Lettre du pape François sur le rôle de la littérature et de la poésie ? Parue en plein Jeux olympiques, elle est passée inaperçue. Un bon livre, dit-il, nous aide à traverser la tempête et à trouver un peu de sérénité. Lire stimule l’imagination et la créativité, nous déplace et nous ouvre à la voix de quelqu’un d’autre. Pauvre de moyens par rapport aux images, le roman ou le poème sollicite en permanence l’esprit. A la différence des écrans, riches en images (et en électricité) qui défilent devant nous, les textes lus parlent à l’intérieur de nous. Chacun met du sien à l’intérieur, comme dans les paraboles qui activent l’interprétation. Au cœur des énigmes racontées par les romans et les poèmes, nous sommes confrontés aux abysses et aux espoirs de l’humanité, que Jésus-Christ dans sa chair a voulu lui-même connaître. D’après saint Thomas d’Aquin, la poésie serait la seule manière de parler de Dieu, la seule à pouvoir assumer l’indicible.
Arnaud Favart
Observatoire: Rencontre avec les agriculteurs du Lot-et-Garonne
Laboratoire: Au rendez-vous de la Saint-Vincent.
Le peuple était en attente
« Sur les bords du Jourdain, le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente. »
L’espoir fait vivre, dit-on. L’espoir que demain sera meilleur, que la paix sera plus puissante que la guerre, que le pain sera plus répandu que la faim, la santé plus forte que la maladie et la solidarité plus grande que la misère. Le monde agricole et les territoires ruraux sont aussi en attente. Comment transformer une attente en espérance ?
Avant d’être fruit, le monde est semence, Avant d’être assis, le monde est chemin, Avant d’être rencontre, le monde est signe. Voici que les portes de l’année jubilaire se sont ouvertes pour un pèlerinage d’Espérance, pour une Terre d’Espérance.
L’Espérance n’est pas le bois, mais le feu qui s’est allumé. L’Espérance n’est pas la porte entrouverte mais la main qui a fait signe d’entrer. L’Espérance n’est pas l’amour mais la voix qui vient te dire, comme au bord du Jourdain, combien tu es son fils bien-aimé.
Arnaud Favart
Observatoire: Devenir pèlerins d’Espérance.
Laboratoire: A l’invitation des Journées Paysannes, au sanctuaire du Sacré Cœur, Paray-le Monial.
Le calendrier de l’Avent de Mélina Mélina, 10 ans, sonne un soir à ma porte et me tend un rouleau soigneusement enroulée par un fil de laine et garni d’une étiquette colorée. J’ouvre et je découvre un calendrier de l’Avent où les 8 premières cases sont décorées de messages et de dessins. Sur la case du jour est collée une minuscule enveloppe à mon nom. Mélina est accompagnée de sa maman mais c’est elle qui pilote conversation et me donne les consignes : « tu écris un message gentil et tu passes le calendrier à une autre famille dans le village, celle que tu veux. »
Je suis ébloui par cette magnifique initiative ! Ici, on est loin de tout, on est surtout loin du business des calendriers de l’Avent. De maison en maison, une bonne nouvelle circule. Mélina n’est pas baptisée, ni catéchisée mais son message en dit long sur ce qu’elle et sa famille ont perçu : « discret et engagé, tu œuvres pour des lendemains meilleurs, pour hier, aujourd’hui et demain. On y croit. »
Une étoile brille et je rends grâce.
Arnaud Favart
Observatoire: La fête au rendez-vous de la présence et de la proximité
Laboratoire: Être présent, ou plus exactement, se rendre présent, avec toute la dimension dynamique de la démarche à la fois physique et spirituelle
Présence et proximité, Avancer ensemble de deux pas à la suite de TERRES D’ESPERANCE !
Session de théologie pastorale pour les acteurs de la Mission rurale, des diocèses et mouvements. Du vendredi 29 novembre 13h30 au samedi 30 novembre, 15h30
La présence est d’abord la Présence pascale du Christ ressuscité. Cette Présence est aussi un Avènement, un « Avent », c’est-à-dire une présence dynamique. Cette Présence a besoin de la nôtre, à son service : notre présence aux hommes et aux femmes de ce monde, le plus possible transparente à celle du Christ. Être présent en monde rural comme chrétien suppose que l’on s’engage dans un processus d’incarnation tout à fait concret.
Frère François Cassingena-Trevedy
Inscrivez-vous dès maintenant. Clôture des inscriptions le 17 novembre.
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Observatoire: « Ici, ce sont les vieux qui se reproduisent… »
Laboratoire: Générations Laudato Si
Présence et proximité, Avancer ensemble de deux pas à la suite de TERRES D’ESPERANCE !
Session de théologie pastorale pour les acteurs de la Mission rurale, des diocèses et mouvements. Du vendredi 29 novembre 13h30 au samedi 30 novembre, 15h30
Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? …Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? Matthieu 25
Contempler la manière dont Jésus-Christ a été présent à ses disciples, à son peuple et à la première génération chrétienne nous stimule pour écrire nos propres présences d’Eglise dans les territoires ruraux. L’annonce du Royaume de Dieu et sa justice va de pair avec l’annonce de sa proximité.
Inscrivez-vous dès maintenant.
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Observatoire: La ferme de la petite Mouliche
Laboratoire: Fraternibus
Une fête des bergers, une source donne son nom au sanctuaire marial de la Font Sainte. Une histoire très riche fait qu’aujourd’hui en ce lieu du Nord-Cantal, des foules nombreuses se rassemblent. Reprenant la grande tradition du pèlerinage des bergers, l’avant dernier jeudi du mois d’août se déroule la fête des bergers et de la ruralité. Cette année 750 pèlerins participaient à la messe en plein air. L’après-midi, après la bénédiction des acteurs et des tracteurs, la table ronde, en présence de jeunes éleveurs et d’élus, posait la question : « Comment le Cantal est-il une terre d’Espérance pour les éleveurs, les paysans et les acteurs du monde rural ? »
Ce court compte-rendu manifeste une belle articulation entre dévotion populaire et engagement novateur, entre ancrage dans un riche héritage et mise en mouvement audacieuse au service du bien commun.
+ Didier NOBLOT, évêque de Saint-Flour
Observatoire: FESTI’RURAL dans le Cantal
Laboratoire: De la présence à la proximité, présentation, 29 et 30 novembre 2024
Programme et Inscription sur le lien : https://missionrurale2024-cef.venio.fr/fr
De la présence à la proximité – Session de théologie et de pastorale, destinée aux acteurs de la Mission rurale des diocèses et Mouvements.
Elle se tiendra à la Maison de la Conférence des évêques de France, 58 avenue de Breteuil à Paris.
Du vendredi 29 novembre 2024, 14h, au samedi 30 novembre 2024, 16h.
Le vendredi sera consacré à un partage biblique et à des ateliers thématiques qui favoriseront la prise de parole des participants.
Le samedi, deux interventions, sociologique et théologique, ouvriront des pistes et donneront lieu à un débat puis une reprise sur la présence de l’Eglise en rural.
Cette session est destinée aux acteurs pastoraux en responsabilité de la pastorale rurale des diocèses et des Mouvements.
Nous espérons réunir aux alentours de 120 participants. Les inscriptions se feront à partir de septembre.
+ Didier NOBLOT, évêque de Saint-Flour
Observatoire: Villes et villages étoilés
Laboratoire: Une session de théologie pastorale
« Mon Père est le vigneron »
Lors d’un échange récent avec des agriculteurs qui souhaitaient approfondir leur foi chrétienne, j’ai eu recours au terme latin de colere, verbe qui n’a rien à voir avec la fâcheuse colère. On retrouve sa racine latine dans agricole, viticole, horticole et même dans récolte. Culture et culte dérivent aussi de la conjugaison de ce mot qui signifie à la fois prendre soin, habiter, honorer. Une belle trilogie pour dire à la fois qu’on habite la Terre, qu’on prend soin du monde vivant et qu’on rend honneur à son Créateur.
Rapportée dans l’évangile de Jean, la parabole de la vigne et du vigneron dit des choses intéressantes à ce sujet. Le viticulteur prend soin de la vigne. Et les sarments ne sauraient donner du fruit en s’affranchissant du lien avec la vigne. Car une fois coupé, le sarment meure. S’il demeure (habite) sur la vigne, il porte du fruit. Ainsi, poursuit Jésus, « ce qui fait la gloire de mon Père, (son honneur), c’est que vous portiez du fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »
Cultiver la Terre et rendre un culte au Ciel se tiennent la main dans une vraie parenté !
P. Arnaud Favart
Observatoire: Vous avez dit gouvernance ?
Laboratoire: Culte et Culture
« Conduire des brebis qui ne sont pas de cet enclos »
Savez-vous qu’il existe un concours des prairies fleuries ? Cette jeune bergère du Jura pratique un élevage extensif. Elle connaît ses brebis, leurs besoins en itinérance et leur goût de la pâture. La diversité florale de ses prairies primées améliore directement l’appétence des fourrages par les animaux. Elle contribue aussi à la qualité des paysages et à la préservation de la biodiversité, en favorisant la présence d’oiseaux, de reptiles, de petits mammifères et d’insectes, notamment les pollinisateurs et la protection naturelle des cultures.
Conduire des brebis, c’est aussi conduire une diversité de faune et de flore. C’est aussi conduire des chiens capables de protéger le troupeau contre les prédateurs. De sa voix familière, elle donne des signes de confiance.
Comme le bon berger de la parabole, voilà une source d’inspiration pour toute conduite pastorale. L’enclos n’est pas la préoccupation première du pasteur mais le soin, l’attention portée à la nourriture évangélique, la connaissance mutuelle, la parole et les signes échangés en confiance avec quiconque.
P. Arnaud Favart
Observatoire: Fêtes bibliques et agriculture
Laboratoire: J’avance au pas de l’âne
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Nous avons tous remarqué ces pancartes d’entrée de commune à l’envers, signe d’une protestation multiforme contre la politique agricole. Les causes sont plurielles mais la détresse des agriculteurs et agricultrices est patente. Est-il possible que celles et ceux qui nous nourrissent chaque jour soient à ce point maltraités et si mal servis ? Quand on marche sur la tête, se remettre debout, c’est retrouver de la dignité et de l’espérance.
Quand un membre du corps social souffre, l’ensemble de la société devrait s’indigner contre cette souffrance. Et ses institutions s’interroger. L’ensemble de l’Eglise est bouleversée par cette maltraitance. Nous nous rappelons la réaction de Jésus devant la paralysie et la résignation : « Lève-toi et marche ! » Ce cri de Jésus résonne dans ma tête et dans ma foi. A notre tour d’élever la voix, de soutenir un revenu digne pour les acteurs du monde agricole, et de les accompagner dans un relèvement ! N’est-ce pas à l’image de ce que nous allons célébrer à Pâques ? Le Christ ressuscité, celui que Dieu a relevé d’entre les morts, celui que Dieu a remis debout et vivant.
P. Arnaud Favart
Observatoire: « il est où le patron ? »
Laboratoire: Tiers-lieu d’Eglise en Loiret
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« N’ont-ils pas compris ceux qui font le mal ? Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple » (Ps 13 et 52)
Impossible de fermer les yeux sur la colère de celles et ceux qui travaillent la terre et nous nourrissent ! Comment vivre dignement de son travail, d’autant plus qu’il s’avère exigeant et mal reconnu ? Les révoltes paysannes remontent à loin dans l’histoire. Elles indiquent toujours un trop plein d’impôts, de guerres et de misères, auxquels s’ajoute une météo défavorable aux récoltes. Ni le progrès, ni la modernité ne nous ont affranchis de tout cela. Deux psaumes de la Bible, quasiment identiques, dénoncent la folie de ceux qui ignorent le sort misérable du peuple qui les nourrit. « Ils mangent mon peuple ! », s’indigne le psalmiste. A cette folie, le psaume ajoute l’abandon de Dieu. Notre première demande de chrétien lui confie notre faim, le don du pain de ce jour. Le nôtre, pas le mien. Un certain nombre de diocèses ont manifesté le signe d’une écoute, d’une proximité et d’un soutien aux agriculteurs. Donnons le signe d’une Eglise qui œuvre au juste partage du pain. C’est alors qu’il devient bon, qu’il fait signe de vie.
P. Arnaud Favart
Observatoire: cris et colère
Laboratoire: tenir dans la durée, les fruits arrivent
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Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin
Transformés par la rencontre de l’enfant et Marie sa mère, les mages sont repartis chez eux autrement. Nous connaissons bien ce récit et sa lecture des territoires traversés depuis l’Orient jusqu’à Bethléem en passant par Jérusalem et le palais d’Hérode. Quand l’étoile a repris sa route, l’espérance s’est remise en marche. Lire un territoire, c’est comprendre la lenteur ou la rapidité des déplacements, les impasses et les ouvertures. La mobilité, c’est la clé d’un territoire vivant. De ce point de vue, tous les territoires ruraux ne sont pas logés à la même enseigne. Voilà que Jésus va vivre et grandir lui aussi en rural. A Nazareth, bourgade inconnue. Trente ans à Nazareth, ce n’est pas rien. Le temps lent où il apprendra à lire à la synagogue, à chanter les psaumes. Le temps lent où il a tiré du trésor de la Parole de Dieu, du neuf et de l’ancien. Le temps lent et patient de la présence précède le temps de la présentation du mystère de la foi. Être présent avant de se présenter en témoin de la foi !
Père Arnaud Favart
Observatoire: vivre ensemble en rural, un enjeu pastoral
Laboratoire: chère graine de méteil, ma soeur
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