Graines de méteil

Lettre d’infos de la Mission Rurale

n° 14 juin 2024

De la présence à la proximitéSession de théologie et de pastorale, destinée aux acteurs de la Mission rurale des diocèses et Mouvements.

Elle se tiendra à la Maison de la Conférence des évêques de France, 58 avenue de Breteuil à Paris.
Du vendredi 29 novembre 2024, 14h, au samedi 30 novembre 2024, 16h.
Le vendredi sera consacré à un partage biblique et à des ateliers thématiques qui favoriseront la prise de parole des participants.
Le samedi, deux interventions, sociologique et théologique, ouvriront des pistes et donneront lieu à un débat puis une reprise sur la présence de l’Eglise en rural.
Cette session est destinée aux acteurs pastoraux en responsabilité de la pastorale rurale des diocèses et des Mouvements.
Nous espérons réunir aux alentours de 120 participants. Les inscriptions se feront à partir de septembre.

+ Didier NOBLOT, évêque de Saint-Flour

Observatoire: Villes et villages étoilés

Laboratoire: Une session de théologie pastorale

n° 13 mai 2024

« Mon Père est le vigneron »

Lors d’un échange récent avec des agriculteurs qui souhaitaient approfondir leur foi chrétienne, j’ai eu recours au terme latin de colere, verbe qui n’a rien à voir avec la fâcheuse colère. On retrouve sa racine latine dans agricole, viticole, horticole et même dans récolte. Culture et culte dérivent aussi de la conjugaison de ce mot qui signifie à la fois prendre soin, habiter, honorer. Une belle trilogie pour dire à la fois qu’on habite la Terre, qu’on prend soin du monde vivant et qu’on rend honneur à son Créateur.
Rapportée dans l’évangile de Jean, la parabole de la vigne et du vigneron dit des choses intéressantes à ce sujet. Le viticulteur prend soin de la vigne. Et les sarments ne sauraient donner du fruit en s’affranchissant du lien avec la vigne. Car une fois coupé, le sarment meure. S’il demeure (habite) sur la vigne, il porte du fruit. Ainsi, poursuit Jésus, « ce qui fait la gloire de mon Père, (son honneur), c’est que vous portiez du fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »
Cultiver la Terre et rendre un culte au Ciel se tiennent la main dans une vraie parenté !
P. Arnaud Favart

Observatoire: Vous avez dit gouvernance ?

Laboratoire: Culte et Culture

n° 12 avril 2024

« Conduire des brebis qui ne sont pas de cet enclos »

Savez-vous qu’il existe un concours des prairies fleuries ? Cette jeune bergère du Jura pratique un élevage extensif. Elle connaît ses brebis, leurs besoins en itinérance et leur goût de la pâture. La diversité florale de ses prairies primées améliore directement l’appétence des fourrages par les animaux. Elle contribue aussi à la qualité des paysages et à la préservation de la biodiversité, en favorisant la présence d’oiseaux, de reptiles, de petits mammifères et d’insectes, notamment les pollinisateurs et la protection naturelle des cultures.
Conduire des brebis, c’est aussi conduire une diversité de faune et de flore. C’est aussi conduire des chiens capables de protéger le troupeau contre les prédateurs. De sa voix familière, elle donne des signes de confiance.
Comme le bon berger de la parabole, voilà une source d’inspiration pour toute conduite pastorale. L’enclos n’est pas la préoccupation première du pasteur mais le soin, l’attention portée à la nourriture évangélique, la connaissance mutuelle, la parole et les signes échangés en confiance avec quiconque.
P. Arnaud Favart

Observatoire: Fêtes bibliques et agriculture

Laboratoire: J’avance au pas de l’âne

n° 11 mars 2024

Nous avons tous remarqué ces pancartes d’entrée de commune à l’envers, signe d’une protestation multiforme contre la politique agricole. Les causes sont plurielles mais la détresse des agriculteurs et agricultrices est patente. Est-il possible que celles et ceux qui nous nourrissent chaque jour soient à ce point maltraités et si mal servis ? Quand on marche sur la tête, se remettre debout, c’est retrouver de la dignité et de l’espérance.
Quand un membre du corps social souffre, l’ensemble de la société devrait s’indigner contre cette souffrance. Et ses institutions s’interroger. L’ensemble de l’Eglise est bouleversée par cette maltraitance. Nous nous rappelons la réaction de Jésus devant la paralysie et la résignation : « Lève-toi et marche ! » Ce cri de Jésus résonne dans ma tête et dans ma foi. A notre tour d’élever la voix, de soutenir un revenu digne pour les acteurs du monde agricole, et de les accompagner dans un relèvement ! N’est-ce pas à l’image de ce que nous allons célébrer à Pâques ? Le Christ ressuscité, celui que Dieu a relevé d’entre les morts, celui que Dieu a remis debout et vivant.
P. Arnaud Favart

Observatoire: « il est où le patron ? »

Laboratoire: Tiers-lieu d’Eglise en Loiret

n° 10 février 2024

« N’ont-ils pas compris ceux qui font le mal ? Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple » (Ps 13 et 52)

Impossible de fermer les yeux sur la colère de celles et ceux qui travaillent la terre et nous nourrissent ! Comment vivre dignement de son travail, d’autant plus qu’il s’avère exigeant et mal reconnu ? Les révoltes paysannes remontent à loin dans l’histoire. Elles indiquent toujours un trop plein d’impôts, de guerres et de misères, auxquels s’ajoute une météo défavorable aux récoltes. Ni le progrès, ni la modernité ne nous ont affranchis de tout cela. Deux psaumes de la Bible, quasiment identiques, dénoncent la folie de ceux qui ignorent le sort misérable du peuple qui les nourrit. « Ils mangent mon peuple ! », s’indigne le psalmiste. A cette folie, le psaume ajoute l’abandon de Dieu. Notre première demande de chrétien lui confie notre faim, le don du pain de ce jour. Le nôtre, pas le mien. Un certain nombre de diocèses ont manifesté le signe d’une écoute, d’une proximité et d’un soutien aux agriculteurs. Donnons le signe d’une Eglise qui œuvre au juste partage du pain. C’est alors qu’il devient bon, qu’il fait signe de vie.
P. Arnaud Favart

Observatoire: cris et colère

Laboratoire: tenir dans la durée, les fruits arrivent

n° 9 janvier 2024

Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin

Transformés par la rencontre de l’enfant et Marie sa mère, les mages sont repartis chez eux autrement. Nous connaissons bien ce récit et sa lecture des territoires traversés depuis l’Orient jusqu’à Bethléem en passant par Jérusalem et le palais d’Hérode. Quand l’étoile a repris sa route, l’espérance s’est remise en marche. Lire un territoire, c’est comprendre la lenteur ou la rapidité des déplacements, les impasses et les ouvertures. La mobilité, c’est la clé d’un territoire vivant. De ce point de vue, tous les territoires ruraux ne sont pas logés à la même enseigne. Voilà que Jésus va vivre et grandir lui aussi en rural. A Nazareth, bourgade inconnue. Trente ans à Nazareth, ce n’est pas rien. Le temps lent où il apprendra à lire à la synagogue, à chanter les psaumes. Le temps lent où il a tiré du trésor de la Parole de Dieu, du neuf et de l’ancien. Le temps lent et patient de la présence précède le temps de la présentation du mystère de la foi. Être présent avant de se présenter en témoin de la foi !
Père Arnaud Favart

Observatoire: vivre ensemble en rural, un enjeu pastoral

Laboratoire: chère graine de méteil, ma soeur