A la découverte d’un lieu d’Église : le pont de pierre (45)
Par un matin gris de mars, j’ai pris le train pour la commune de Sainte Geneviève des Bois ; pas l’ »hyper-urbaine » de la banlieue parisienne, mais la « péri-rurale » du nord est du Loiret. A la sortie du village, au lieu-dit « le pont de pierre », une série de 3 bâtiments abrite « un lieu d’Eglise ».
Je suis accueillie par Marie-Odile, la présidente de l’association « Partage » qui gère le lieu, Jeanny et Rose-Anne, les permanentes.
Créée en 1976 par un des prêtres, des sœurs des campagnes et les jeunes du MRJC, l’association s’installe au Pont de Pierre en 1993, dans trois petites fermes à rénover rachetées par le diocèse. De gros travaux menés par un prêtre ouvrier et des bénévoles se sont succédés, et chaque année, une semaine « chantier » réunit petits et grands. Texte de Mgr RIOBE-1975
Depuis ses débuts, l’association a su évoluer avec la société, tout en gardant sa vocation première, un lieu où l’Evangile est proclamé, célébré et mis en actes :
Un lieu d’accueil sans condition : « On ne catalogue pas les gens, mais on leur permet de découvrir, creuser, donner du sens », et une attention particulière : « comment tu vas, qu’est-ce que tu deviens ? ». Des personnes en fragilités ont pu rompre leur isolement.
Un lieu de mise en réseaux et une ouverture vers l’extérieur : 30 adhérents à l’association, mais 863 participants aux 41 activités proposées l’an dernier ; de nombreuses portes d’entrée permettent d’attirer toutes sortes de gens (comme « l’actu en mots » proposé tous les 5 du mois). Des salles louées aux autochtones, que le lieu questionne. La participation aux événements organisés sur le territoire comme le festival du livre avec des associations « engagées ».
Un lieu de partenariat et d’actions communes pour les organisations catholiques du rural : les frères et sœurs des campagnes, l’ACE, le MRJC, le CMR, le secours catholique, le CCFD-terre solidaire
Un lieu d’expérimentation : installation de toilettes sèches, plantation d’une haie, un week-end permaculture ; l’adhésion au label Eglise Verte est en cours.
Un lieu, accompagné par un prêtre, où la relecture, le partage d’Evangile (« l’Evangile à domicile »), la prière, les célébrations, les préparations aux sacrements (9 jeunes ont été confirmés en décembre) sont bien présents.
Et le lien avec la paroisse ? Depuis la création, une volonté d’être en lien avec le doyenné, les paroisses ; tout dépend du curé en place ; cette année, animation et présence lors de la journée communautaire.
L’association Partage vient de fêter ses 40 ans ; par les personnes présentes et les témoignages, il est évident que ce lieu est « un point de repère ; s’il n’existait pas, il manquerait du point de vue sociétal et ecclésial » (Marie-Odile).
C’est un sentiment que je partage en quittant le Pont de Pierre ; j’ai vu une communauté telle que l’avaient imaginée les premiers chrétiens, emprunte de fraternité et d’espérance et qui participe à la nouvelle évangélisation, même si des questions inhérentes aux paroisses sont posées : comment toucher les jeunes familles ? Comment ce lieu peut rompre l’isolement des personnes ? Dans l’avenir, quel financement (des salariés et du lieu) de la part du diocèse ? Même si pour le moment, Mgr Blacquart fait preuve de bienveillance, de soutien et est tout à fait convaincu de l’utilité d’une telle structure.
Odile M.
Le territoire : Sainte Geneviève des Bois, commune rurale de 1100 habitants, située à 1h15 d’Orléans, à 25 mn de Montargis et à 1h30 de Paris ; devient peu à peu, un village dortoir en raison de l’influence de la région parisienne. Il y a de plus en plus de résidences secondaires. Le tourisme est en développement (grâce au succès du canal de Briare et de la Loire à vélo). Le territoire voit arriver une nouvelle population multiculturelle et qui peut avoir du mal à s’intégrer ; un sentiment de solitude est de plus en plus fort chez la population vieillissante. |