Suite à la visite pastorale rurale du diocèse de Séez, quels fruits, quelles perspectives ?
Suite à la visite pastorale rurale qui s’est déroulée sur un an, tous les chrétiens ayant participé à cette belle aventure se sont retrouvés autour de leur évêque, Mgr Habert, pour une journée de travail, afin de relire et dégager des lignes de réflexions, de conversion et d’action.
Une Eglise en sortie
Afin d’approcher les problématiques, parfois complexes que traversent le département de l’Orne, entièrement rural, Mgr Habert a passé une journée dans chacun des dix pôles missionnaires du diocèse, avec une thématique différente dans chaque pôle. Les soirées étaient consacrées à Laudato Si’. Les acteurs rencontrés ont été nombreux : élus, enseignants, associations, agriculteurs, artisans… retour sur les 10 visites.
Une journée de relecture et de prospectives
Pour que ces visites continuent à porter du fruit, Mgr Habert a réuni les protagonistes et quelques services et mouvements du diocèse, pour relire et dégager des perspectives pour l’avenir. Elena Lassida (chargée de mission pour l’écologie intégrale à la conférence des évêques), qui a accompagné la démarche depuis le début, et le père Joël Morlet (chargé de mission à la conférence des évêques pour le rural et sociologue du rural) ont apporté leur regard d’experts.
La relecture de la visite pastorale
Mgr Habert a introduit la journée en rappelant les finalités de cette visite pastorale et en exposant ses découvertes : Un rural complexe, mais qui possède des atouts, avec des acteurs (élus, services, associations, professionnels) compétents, passionnés, mobilisés.
Le rural est à une période charnière ; c’est un signe d’espérance qui demande à être reconnu et soutenu.
Eléna Lassida a fait une relecture à la lumière de Laudato Si et de la Joie de l’Évangile
Ces visites ont été une manière originale de faire écho à Laudato Si ; elles participent à l’annonce de l’évangile.
- Une Église qui se fait conversation, qui ose sortir à la rencontre de personnes en attente et heureuses. Des rencontres improbables se sont produites : écoles publiques/écoles cathos, maraichers bio/éleveur conventionnel.
- Une démarche de conversion écologique : de l’enthousiasme, de la gratuité et de la gratitude ; la visite a été une occasion de donner à voir et à reconnaitre des initiatives qui participent au vivre ensemble. Des liens de communion sont en construction.
- Des visites qui parlent de la joie de l’évangile : des récits de visitation ; des liens à créer ; l’Église est allée comme apprenante et non pas comme enseignante ; des promesses de nouveaux possibles.
Eléna a conclu sa relecture en invitant à 3 pastorales :
- Une pastorale de la sortie: aller vers l’extérieur plutôt que faire venir.
- Une pastorale de la visitation: Se reconnaitre mutuellement.
- Une pastorale de l’inattendu: Oser initier des choses avec des gens qui sont à la recherche de sens dans leur vie.
Le père Joël Morlet a donné 7 défis à relever pour une annonce de la Bonne Nouvelle en rural aujourd’hui : Le développement et l’animation locale des territoires ; la gérance des territoires par les collectivités publiques ; l’associatif ; l’agriculture ; l’écologie ; les jeunes ; les pauvretés.
« L’Église est implantée dans un territoire pour participer à la recherche des hommes vers plus de justice et d’amour. Comment est-elle source de fraternité et d’amour au cœur même des différences, des oppositions, des pauvretés ? … Son influence est aussi culturelle au niveau du sens, des valeurs, de la vision du monde qui habitent l’intelligence des hommes… » L’intervention complète
Et après ? Conversions et initiatives
Forts de ces différents apports, les participants ont travaillé en atelier autour de la question : quelles conversions personnelles, ecclésiales, sociales sommes-nous appelés à faire ? Quelles initiatives prendre ?
Les conversions en quelques mots : Décloisonnement – Ouverture – Faire confiance – Lâcher prise – Aller vers – Dialoguer – Ne pas juger – S’émerveiller – Etre cohérent entre l’annonce et l’action – Être dans une écoute bienveillante, en conversation…
Des questions : Quels nouveaux modes de présence d’Église ? L’Église n’est-elle pas identifiée que par ses clercs ; quelle reconnaissance des laïcs ? Comment permettre aux « petits » de s’exprimer, de révéler leurs talents? Les jeunes, comment les rejoindre ? comment retisser des choses ? Comment rendre visible cette visite pastorale aux communautés chrétiennes ?
Deux pistes (Eléna Lassida) : Aller vers… : quels lieux à investir ? Quel type de présence ? avec quel esprit ? A quel titre ? Des propositions à partir de l’Église pour renforcer les liens des communautés chrétiennes. Le label « Église verte » peut aider à croiser l’engagement écolo et la foi chrétienne.
Mgr Habert lancera un appel à la conversion écologique, personnelle, ecclésiale, sociale et rédigera 3 lettres, au peuple de Dieu (conversion, formation, mission), au département (l’Église comprend, soutient) et aux élus (encouragements).
Odile MACK