Des groupes de paroles pour les agriculteurs (51)
Dans le diocèse de Chalons en Champagne, des groupes d’échanges entre agriculteurs en difficulté se sont mis en place. Rencontre avec le père Joël Morlet (curé, sociologue du rural et chargé de mission à la mission rurale) qui a été appelé pour ce projet.
Comment est né le projet?
Sur le département, il existait déjà une cellule « Réagir » qui regroupe des organisations professionnelles (syndicats, banques, coopératives, Mutualité Sociale Agricole (MSA)), qui emploie 3 salariés et dont la mission est de régler la viabilité économique des exploitations. Mais ils se sont rendus compte que cela ne prenait pas suffisamment en compte le coté humain. Ils ont pensé à créer des groupes d’échange entre agriculteurs en difficulté. ils ont fait appelle à moi.
Comment vous y êtes vous pris?
Prenant en compte que des formations humaines existent déjà au niveau de la MSA, nous voulons nous situer en amont : faire sortir l’agriculteur de chez lui et qu’il accepte de parler de ce qu’il vit.
Pour cela nous avons imaginé, pour des agriculteurs en difficulté, une visite d’exploitation (qui n’est pas forcément trop en difficulté) où l’exploitant raconte l’aventure humaine qu’il vit avec ses joies, ses attachements, ses réussites, ses échecs. Après la visite, une discussion s’engage autour d’un pot, où chacun peut dire ce qu’est sa propre aventure.
Mon rôle est de faciliter cet échange qui doit être un échange entre eux. J’essaie simplement d’orienter le débat en fonction des difficultés que je sais être les leurs ; elles ne sont pas toujours financières mais quelquefois elles sont d’abord relationnelles… Un des salariés de « Réagir » est avec moi ; j’ai la chance que ce sont des personnes très humaines et aidantes (mais déjà deux ont dû faire une pause parce que cet accompagnement est très difficile).
Mon expérience n’en est qu’au début ; deux rencontres pour l’instant ont eu lieu; mais ça a bien marché et les gens étaient heureux.
D’autres initiatives pour le rural ?
J’avais aussi pensé à des rencontres plus larges pour tous sur un territoire : une soirée avec comme thème « les fragilités aujourd’hui en agriculture, quelles solidarités ? » mais je n’ai pas trouvé d’aide sur le terrain pour cela. Mais je ne désespère pas; une paroisse m’a dit être intéressée. Mais je voudrais l’organiser avec un ou deux agriculteurs du coin.
Le 1er décembre, nous fêtons la Saint Eloi, patron des agriculteurs (et des artisans) ; chaque année au niveau diocésain, à partir d’une rencontre avec des agriculteurs, nous proposons des éléments d’homélie et de réflexion pour les célébrations ou les messe qui ont lieu.
Quant aux paroisses, elles se réorganisent dans une co-responsabilité. Je le vis sur ma paroisse d’Argonne Champenoise, ça marche bien ; les équipes fonctionnent, je ne maitrise pas tout et j’essaie de donner du souffle. Le souci est le renouvellement des générations ; les animateurs sont presque tous au delà de 60 ans. Il faut arriver à rejoindre les plus jeunes autrement qu’avec nos dispositifs traditionnels.