Participons au vivre ensemble en rural ! Donnons du souffle à nos lieux d’Église
Les lieux d’Église se sont rencontrés du 11 au 13 mai 2018 à Champignelles dans l’Yonne, sur le thème « Participons au vivre ensemble en rural ! Donnons du souffle à nos lieux, dans leur contribution au monde rural! ».
« Nous sommes les membres des divers lieux d’Église en rural des quatre coins de France. Ces lieux s’appellent l’Oustal, l’Horizon, le Viviers, le Puits d’hiver, la Mondée, le Relais, le Carrefour rural, partage, la petite vigne… Les lieux sont des associations rassemblant des chrétiens qui sont à la fois au cœur et à la marge de l’Église, ouverts et allant aux périphéries, celles dont parle souvent le pape François. Ils proposent une autre manière de faire Église ensemble et de vivre l’Évangile.Notre thème de rencontre « donnons du souffle à nos lieux ! », en ce temps entre Ascension et Pentecôte, est à propos pour nous tous, afin de nous redonner l’énergie, le souffle de construire et développer la vie en nos territoires ruraux, là où nous habitons »
C’est par ces mots que Philippe, du Puits d’hiver, a introduit la messe de clôture de cet interlieux où, pendant 3 jours, nous avons témoigné, partagé, réfléchi, dans la bienveillance et la bonne humeur. Deux intervenants ont aidé à la réflexion.
Le rural a un avenir, à nous de le construire !
Le géographe Pierre-Antoine LANDEL, a animé une conférence « Le rural a un avenir, à nous de le construire! ». Il a rappelé les facteurs de crise de l’espace rural : 20% de la population (dont ¼ de retraités) occupent 80% du territoire ; « la diagonale du vide » ; la métropolisation ; les réseaux de communication ; une mobilité obligatoire ; les réformes territoriales ; la compétitivité…
Pourtant des solutions sont possibles : en réinventant une compétitivité, non plus économique, mais basée sur la différenciation du territoire (ex : culture de plantes aromatiques dans la Drôme) et sur l’innovation (ex : la coopérative des fermiers de Figeac), et en passant d’un territoire de projets à un projet de territoire en introduisant de la démocratie participative (ex : les communes de Saillans ou du Méné).
Et les lieux d’Eglise, comment construisent-ils l’avenir des territoires et de l’Eglise en rural ?
Nous avons écouté 4 témoignages d’actions menées
Comment passer d’un lieu/bâtiments à 3 équipes locales itinérantes ? (le Vivier 59); le dialogue avec les exploitants agricoles (la Mondée 38); et deux prises engagements suite à la lecture de Laudato Si : une démarche en vue de l’obtention du label « Église verte » (Partage 45), et la création d’une société coopérative d’intérêt collectif – SCIC – pour l’installation de panneaux solaires avec parts sociales (L’Horizon 88).
Le philosophe assomptionniste Jean-François Petit (fidèle aux interlieux depuis plusieurs années), a rappelé les causes d’une Église en crise : métropolisation (Paris, Versailles, certaines congrégations) ; la moyenne d’âge des prêtres diocésains est de 65 ans ; baisse de la pratique ; des finances préoccupantes ; un attrait pour les pratiques dévotionnelles. Un vent de « panique » souffle : qu’est-ce qui va se passer ?
Les lieux d’Église doivent s’interroger ; Ils ne sont pas là par hasard (certains sont nés de synodes diocésains). Quelles étaient leurs intuitions ? qu’est-ce qui est possible aujourd’hui ?
Ils ont une responsabilité de l’annonce de l’évangile aux périphéries existentielles, aux lieux de fractures. «Allez de toutes les nations, faites des disciples » (Vatican II : l’Église peuple de Dieu, l’égale dignité des baptisés ; c’est différent d’une Église pyramidale).
Il faut réinventer les formes de présence, les actes et les discours, retrouver l’essentiel : qu’est-ce qui me permet de tenir debout ? quelles sont les pierres de fondation ? quelles sont les pierres d’attentes ?
Le lieu est une façon de faire Église (dont les « fondamentaux » sont l’accueil, la formation, les célébrations, la solidarité), avec le désir de vouloir prendre soin, la recherche sur les nouveaux comportements humains, l’invention de nouveaux modes de vie…
Le lieu appartient à une mouvance plus vaste : gestion des espaces et gestion du dialogue avec la société. Est-ce qu’on est en capacité de faire des « alliances » nouvelles (ex : communauté Saint Martin) ? Comment avancer dans ces liens sans verrouiller ?
L’Évangile aide à poser des actions, des relations. Il y a une attente de spirituel authentique ; les gens ont envie de prendre part à des aventures collectives.
Il faut regarder ce qui est entrain de naitre. L’Église est conversation, dialogue avec le monde.
L’ouverture au territoire vécue lors de la rencontre Des temps ont été vécus avec habitants du territoire de la Puisaye (89) : la conférence de Pierre-Antoine Landel a fait salle comble (preuve que l’avenir du rural préoccupe ceux qui y habitent) ; les temps festifs ont été organisés avec les ressources du territoire (une chorale et un magicien) ; la messe de clôture (avec partage d’Évangile) a été célébrée avec la communauté paroissiale (sans pasteur depuis quelques mois). |
En conclusion
Le Lieu d’Église permet d’être en lien avec d’autres, en particulier les isolés ou ceux qui se sont éloignés de l’Église institution. Il est nourrissant pour ceux qui le fréquentent. Il permet d’être attentif aux problèmes de société. Ce sont des lieux d’expérimentations. Il permet de vivre l’Évangile et témoigne d’un visage ouvert de l’Église. L’aspect communautaire, l’accueil, l’écoute l’attention aux autres, la fraternité confirme que les lieux d’Église ont toutes leur place dans l’Église diocésaine.
Et après cet interlieux ?
L’interlieux n’est géré par aucune structure, mais les participants ont redit sa raison d’être : stimulant, ressourçant, questionnant… Malgré des différences de territoire et de fonctionnement, ils sont sur la même « longueur d’onde ». il y a une envie d’entretenir le lien entre deux interlieux pour s’informer, se donner des idées, mutualiser certains événements, jouer la complémentarité.
Un rendez-vous est déjà pris pour 2021 dans l’Eure, le Carrefour rural (Evreux) et le Vivier (Cambray) s’étant proposés pour préparer, accueillir et animer le prochain interlieux.
Odile Mack