Les fragilités et les espoirs des agriculteurs du Pas de Calais
États Généraux de l’alimentation, ouverture du Salon de l’Agriculture, agriculteurs en souffrance…l’actualité nous en parle. Et nous ? Que savons-nous de LA VIE DES AGRICULTEURS DANS NOTRE DIOCESE ?
Ce jeudi 22 février 2018 à la Maison des Tourelles à Condette, environ 70 personnes étaient venues s’informer et se former sur ces sujets en direct avec ceux qui vivent de l’agriculture et en présence de notre évêque, Mgr Jaeger. Cette Journée Enjeux et Questions était portée par la Commission Agricole des Chrétiens dans le Monde Rural (CMR), l’Apostolat des Laïcs, le CCFD-Terre Solidaire et le Service de la Formation Permanente. Elle a mis quatre coups de projecteurs sur les « Fragilités et espoirs des agriculteurs du Pas de Calais » qui était le thème de journée.
Premier coup de projecteur : Informer. Tout d’abord, l’équipe d’animation a sondé les participants sur leur connaissance de l’agriculture grâce à un quizz puis a présenté un état des lieux exhaustif de l’agriculture dans les Hauts de France. Quelques chiffres pour le département : 5 950 exploita-tions, 11 000 emplois à temps plein 1,1 % de l’emploi régional : en un mot, une agriculture bien présente, mais en pleine mutation fragilisée (endettement, revenus en baisse, isolement, grande fatigue, perte de sens du métier, avec un taux de suicide 28 % plus élevé que la moyenne…) et cependant innovante et solidaire aussi.
Deuxième coup de projecteur : une grande partie de la matinée a ensuite été dédiée à l’approfondissement et à l’échange au sein de 5 ateliers thématiques animés par des membres « experts » ou « témoins » du monde agricole.
- Installation et accès à la Terre
- Difficultés du monde agricole
- Normes et environnement en agriculture
- Souveraineté alimentaire (dans sa dimension internationale)
- Rapports consommateurs et producteurs, qualité de vie des producteurs (marchés, etc.).
Chacun a pu s’informer, débattre, se questionner sur ses attitudes et habitudes soit comme producteur, soit comme consommateur en lien avec l’agriculture ici mais aussi « là-bas » sur d’autres continents. Chaque atelier a produit des affiches pour exprimer quels pouvaient être les germes d’espoir pour l’avenir : plus de solidarité en collectifs, des modes diversifiés d’agriculture, des formations renouvelées en écoles d’agriculture, des modes distribution et de mise en valeur du patrimoine naturel à réinventer, etc.
Troisième coup de projecteur : Un moment de théâtre/débat proposé par l’association Arcade, association qui a pour but d’accompagner en milieu rural agriculteurs et artisans en diffi-culté, à leur demande. Quand les agriculteurs montent sur les planches et revisitent les Fables de la Fontaine pour témoigner de leur vie professionnelle, familiale, financière et trouvent une reconnaissance par l’expression artistique, quel choc !
Quatrième coup de projecteur : Et l’Église dans tout cela ? Hier tout comme aujourd’hui, avec ses mouvements (JAC, CMR, CCFD, MRJC), associations (Maisons Familiales Rurales), pratiques pionnières de culture dans certains monastères ou de personnalités régionales comme l’Abbé Lemire et ses jardins ouvriers, jusqu’à la dernière encyclique Laudato Si du Pape François, l’Église n’a-t-elle pas toujours témoigné de l’importance vitale qu’elle accordait à celles et ceux qui nous nourrissent et prennent soin de la Terre, « notre maison commune » ? Ainsi, à la lumière de cette histoire, dans un monde en rapide mutation, des paroles d’accompagnement, des chemins de solidarité et des innovations concrètes qui associent intérêt des producteurs, des consommateurs et de la terre se dessinent pour demain.
C’est pourquoi notre évêque a conclu cette journée dense et dynamique en partageant ses découvertes, sa conviction que « l’agriculture reste une force vitale de l’humanité », et que les mutations de celle-ci sont « un grand défi pour l’Église » que les chrétiens du diocèse, en mouvements ou en paroisse sont invités à relever.
Florence Ducroiset, Service de Formation Permanente